La tresse - Laetitia Colombani

La tresse, comme symbole de féminité, démontre que le combat de chaque femme est en réalité celui de toutes les femmes.

4ème de couverture

Inde. Smita est une intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l'école.

Sicile. Giulia travaille dans l'atelier de son père. Lorsqu'elle est victime d'un accident, elle découvre que l'entreprise familiale est ruinée.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet lorsqu'elle apprend qu'elle est gravement malade.

Liées sans le savoir par ce qu'elles ont de plus intime et singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est réservé et décident de se battre. Vibrantes d'humanité, leurs histoires tissent une tresse d'espoir et de solidarité.

Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.

Smita, elle, a de la chance : Nagarajan ne l'a jamais battue, jamais insultée. Lorsque Lalita est née, il a même été d'accord pour la garder. Pas loin d'ici, on tue les filles à la naissance. Dans les villages du Rajasthan, on les enterre vivantes, dans une boîte, sous le sable, juste après leur naissance. Les petites filles mettent une nuit à mourir.
Mais pas ici. Smita contemple Lalita, accroupie sur le sol en terre battue de la cahute, en train de coiffer son unique poupée. Elle est belle, sa fille. Elle a les traits fins, les cheveux longs jusqu'à la taille, que Smita démêle et tresse tous les matins.
Ma fille saura lire et écrire, se dit-elle, et cette pensée la réjouit.

La tresse, Laetitia Colombani, editions Grasset 2017, p.19-20

J'avais acheté ce livre depuis longtemps. Depuis longtemps, sur une étagère, il attendait l'heure d'être lu. J'en avais lu d'excellentes critiques, trop peut-être, jusqu'à en perdre le désir de le découvrir. Puis un jour, il s'est imposé à moi et je me suis immédiatement laissée absorber par ces trois destins qui m'ont profondément émue. Ces vies dont les histoires s'entrelacent, chapitre après chapitre, telles les trois mèches d'une tresse, pour à la fin se rejoindre.

"L'effet papillon" : le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? La métaphore utilisée par le météorologue Edward Lorenz lors d'une conférence en 1972 peut s'appliquer à tous les domaines de la vie ; comment le fait de changer un seul paramètre, aussi infime soit-il, peut-il avoir des conséquences impensables là où on ne les attend pas ? C'est pourtant précisément ce qui va se produire dans les vies de Smita, en Inde, une Intouchable, de Giulia, qui à Palerme prend la tête de l'atelier de son père, et de Sarah, avocate canadienne réputée. Comment les combats de ces trois femmes, combats pour la dignité, combats face à la difficulté d'être une femme, combats pour la vie, vont-ils s'entrelacer ? Comment le "non" de Smita, condamnée de par sa caste à l'esclavage, va-t-il changer la vie de Giulia et de Sarah ?

La tresse, comme symbole de féminité, démontre que le combat de chaque femme est en réalité celui de toutes les femmes. Elles ne se connaissent pas mais sont liées sans le savoir par leur féminité et leur soif de vivre. Chaque femme pourrait être chacune d'elle, être née en Inde, en Italie ou au Canada, n'importe où. N'importe où sur la Terre, lorsque l'on naît femme, on a quelque chose à prouver, un combat à mener. Plus ou moins difficile, mais un combat tout de même. Laetitia Colombani met en scène ses personnages avec beaucoup de simplicité et de tendresse, tissant au gré des lignes les liens qui les unissent entre elles, les unissent à la moitié de l'humanité. Une très belle lecture, donc, simple par la légèreté et la fluidité de l'écriture, belle de par l'émotion qui s'en dégage, et une ode à la solidarité.