Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

"Des livres et vous", pour penser les mots et s'envoler, libres, vers d'autres temps et d'autres horizons...

Des livres et vous

L'homme à l'envers - Fred Vargas

Vargas, excellente conteuse, nous fait gratouiller du doigt la peur du loup dans ce beau paysage du Mercantour, nous ramène à nos peurs ancestrales à travers cette intrigue joliment menée et son langage humoristique, intelligent et plein d'humanité.

L'homme à l'envers - Fred Vargas

4ème de couverture

Laisser les loups vivre en liberté dans le Mercantour, c'était une belle idée, dans l'air du temps. Ce n'était pas celle des bergers : quelques mois plus tard, la révolte gronde.

Est-ce bien un loup qui tue les brebis autour du village de Saint-Victor ? Les superstitions resurgissent, le bruit se propage : un loup-garou ? Lorsqu'une éleveuse est retrouvée déchiquetée dans sa bergerie, la rumeur tourne à la psychose. La Bête du Mercantour est dans tous les esprits, y compris celui d'Adamsberg qui, depuis Paris, guette les événements.

Tout doucement, Adamsberg se rapprocha du poste, l'assiette à la main, sur la pointe des pieds, comme pour ne pas effaroucher le commentateur. Un geste de trop et ce type s'enfuirait de la télé, sans finir la formidable histoire de loups qu'il venait de commencer. Il monta le son, se recula. Adamsberg aimait les loups, comme on aime ses cauchemars. Toute son enfance pyrénéenne avait été enveloppée des voix des vieux qui racontaient l'épopée des derniers loups de France. Et quand il parcourait la montagne à la nuit, à neuf ans, quand son père l'envoyait dans les chemins ramasser de l'allume feu, sans discussion, il croyait voir leurs yeux jaunes le suivre tout le long des sentiers. Comme des tisons, mon gars, comme des tisons, ça fait, les yeux du loup, la nuit.

L'homme à l'envers, Fred Vargas, Ed. Viviane Hamy, J'ai lu, 1999, p.11-12

L'homme à l'envers - Fred Vargas

Qui a peur du méchant loup dans le parc du Mercantour ? Certainement pas le commissaire Adamsberg, qui se lance dans une lente course poursuite (quel bel oxymore !! Mais il correspond si bien à notre commissaire préféré...) dans une bétaillère puante pour attraper un loup-garou...

Comme dans nombre de ses enquêtes, nous retrouvons le commissaire dans un milieu rural, aux prises avec une créature légendaire, un loup-garou égorgeur de brebis et, à ces heures perdues, d'être humains. Guidé comme à son habitude par un instinct dépourvu de toute logique accessible au commun des mortels, Adamsberg débarque au 2/3 de l'enquête pour suivre dans leur périple à la poursuite de cette mystérieuse créature, Le Veilleux, un vieux berger, Soliman, le fils adoptif d'une éleveuse de brebis, et Camille Forestier, ancien amour jamais vraiment oubliée, aujourd'hui en couple avec un canadien ami des grizzlis et, si l'occasion se présente, des loups.

Comme dans tous ses autres romans, Vargas soigne le titre et le style. Le titre tout d'abord, L'homme à l'envers, bien mystérieux, fait allusion au loup-garou, homme glabre dont les poils poussent en-dedans et ne sortent qu'à la nuit tombée. En ce qui concerne le style, elle met au point la recette, balbutiante dans L'homme aux cercles bleus qui ne m'avait guère convaincue, qu'elle peaufinera dans ses romans suivants, et tout spécialement dans la série dédiée aux enquêtes d'Adamsberg, qui consiste à mêler avec brio logique et absurde en jouant sans cesse avec la langue et les mots, aboutissant ainsi à un humour décalé qui est pour beaucoup dans le charme de ses histoires, nous fait sourire et rend si attachant le personnage d'Adamsberg.

Un très bon moment de lecture donc... Vargas, excellente conteuse, nous fait gratouiller du doigt la peur du loup dans ce beau paysage du Mercantour, nous ramène à nos peurs ancestrales à travers cette intrigue joliment menée et son langage humoristique, intelligent et plein d'humanité.

 

L'homme à l'envers - Fred Vargas
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article