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"Des livres et vous", pour penser les mots et s'envoler, libres, vers d'autres temps et d'autres horizons...

Des livres et vous

Purgatoire des innocents - Karine Giebel

Purgatoire des innocents - Karine Giebel

4ème de couverture

Je m'appelle Raphaël, j'ai passé quatorze ans de ma vie derrière les barreaux. Avec mon frère, William, nous venons de dérober trente millions d'euros de bijoux. C'aurait dû  être le coup du siècle, ce fut un bain de sang. Deux morts, un blessé grave. Le blessé, c'est mon frère. Alors je dois trouver une planque où il pourra reprendre des forces.

Je m'appelle Sandra. je suis morte, il y a longtemps, dans une chambre sordide. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour-là...

Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en enfer.

Quelque chose qui marche et parle à ma place. Et son sourire est le plus abominable qui soit.

 

 

Trop de monde, trop de bruit. Trop d'odeurs.
Beaucoup de trop, pas assez de silences.
Patrick déjeune dans un snack bondé.
Hâte de retrouver le calme, la tranquillité. La paix, la sérénité qui viendront juste après.
Sa femme.
Ses chevaux.
L'espace, l'air pur et même le brouillard.
Celui qui occulte si bien la laideur du monde.
Hâte que ce petit séjour loin de chez lui se termine, enfin. Cette nuit, enfin.
Il sera de retour. Mais il sait que pour elle, il n'est jamais parti.
Sandra, ses yeux de jade, fascinants. Sa part d'ombre, envoûtante.

Purgatoire des innocents, Karine Giebel, Fleuve Editions, 2013 p.160

Les ingrédients "giebeliens" habituels : séquestration, obscurité, torture, perversité, barbarie... Un roman noir, un vrai. Si ce roman avait été mon premier Giebel, je l'aurais sans doute apprécié à sa juste valeur. Mais après la lecture des Morsures de l'ombre, me voilà avec une impression de déjà vu qui, même si elle ne m'a pas empêchée de dévorer ce roman en trois jours, m'a un peu déçue. Raphaël, son frère William et leurs complices, Fred et Christel, viennent de réussir le casse du siècle ; mais William est blessé et il n'est pas envisageable de continuer la cavale dans ces conditions, d'autant que le braquage a mal tourné et qu'ils sont recherchés pour meurtre. Les quatre truands s'arrêtent donc dans un petit village, où ils prennent en otage Sandra, une vétérinaire, et l'obligent à soigner William. Ils s'installent donc au domicile de Sandra, et attendent patiemment le retour du mari de celle-ci, sans savoir qu'ils ont mis les pieds dans l'antre du diable en personne.

Malgré des redites des romans lus précédemment qui me laissent une impression mitigée,  j'ai pris beaucoup de plaisir à faire la connaissance des personnages de Purgatoire des innocents  : ils inspirent l'empathie, contrairement à l'heroïne (ou anti-héroïne) puante de prétention et d'égocentrisme de Juste une ombre, et au flic pseudo beau gosse infidèle des Morsures de l'ombre, qui eux n'éveillent pas immédiatement le regard bienveillant du lecteur. Raphaël, William et Jessica, par leur loyauté et leur force de caractère, nous sont instantanément sympathiques et ceci, dans le cas des deux frères, malgré le fait d'être des individus fort peu recommandables. Et ceci d'autant plus que leur psychologie est beaucoup plus finement décortiquée que dans les deux romans précédemment cités. Quant au personnage de Sandra, monstrueux et fragile, il n'est pas sans nous rappeler Lydia des Morsures de l'ombre, mais plus complexe encore.

Purgatoire des innocents est bien construit, l'intrigue y est bien ficelée, l'écriture percutante; on y retrouve les phrases courtes propres à Giebel, pas de détails inutiles, juste le nécessaire, droit au but. Jusqu'au bout, après maintes péripéties et dérapages, le lecteur est maintenu en haleine dans cette descente aux enfers, d'autant plus oppressante qu'elle se déroule, une fois encore, dans un huis-clos absolu. Les scènes, même -surtout- les plus atroces y sont décrites avec une minutie inquiétante ("Qui peut imaginer ce genre de scènes ?" reste ma question existentielle à la lecture de ce roman) et sont assez difficilement supportables pour un lecteur aussi visuel que moi. Si vous avez le coeur bien accroché (j'ai failli le refermer à plusieurs reprises, au bord de la nausée), vous pouvez vous lancer dans cette lecture ; sinon... vous pouvez aussi, mais apprêtez-vous à devoir aller prendre l'air de temps à autre...

 

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