L'armée furieuse - Fred Vargas

Une intrigue aussi capillotractée et embrumée que l'esprit du commissaire, mais avec cette touche d'humour et de poésie qui rend unique le style Vargas.

4ème de couverture

Avec sa petite blouse à fleurs et son air timide, Valentine Vendermot et son histoire de fantômes ne sont pas de taille à mobiliser une brigade parisienne. Pourtant, le commissaire Adamsberg a très envie de s'intéresser à cette chevauchée nocturne dans le bocage normand. Il délègue l'enquête en cours et se rend sur les lieux : Ordebec, son église, son bistrot, son chemin de Bonneval, ses crimes atroces.

Retancourt se redressa, posant ses mains à plat sur ses hanches.
- Ce n'est pas sûr qu'il passe la nuit. Bilan, j'ai mis plus d'une heure à désincruster la ficelle de ses pattes. Ca l'avait entaillé jusqu'à l'os, il a dû tirer là-dessus pendant des jours. Mais ce n'est pas cassé. C'est désinfecté, faut refaire le pansement tous les matins. La gaze est là, dit-elle en frappant une petite boîte sur la table. Il a eu un produit antipuce, ça devrait le soulager de ce côté.
- Merci Retancourt. Le gars a pris la ficelle ?
- Oui. Ca n'a pas été sans mal, parce que le labo n'est pas payé pour analyser des ficelles de pigeons. C'est un mâle, au fait. C'est Voisenet qui l'a dit.

L'armée furieuse, Fred Vargas, Ed. Viviane Hamy, p.38

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Je n'avais pas accroché de prime abord à Fred Vargas avec L'homme aux cercles bleus, mais après avoir dévoré Quand sort la recluse, Dans les bois éternels et L'armée furieuse, me voilà fan inconditionnelle des aventures d'Adamsberg, le commissaire pelleteur de nuages. Bien sûr, si on cherche le "gore" ou la castagne, sans doute Adamsberg, à lui seul un éloge de la lenteur et anti-héros par excellence, n'est-il pas le plus indiqué pour vous satisfaire. Mais comment ne pas se délecter de ces pièces de puzzle qui se mettent en place doucement, se frayant un chemin improbable à travers les brumes du cerveau encombré de notre commissaire ? On retrouve également dans ce roman ses acolytes de toujours : le savant Danglard, Mercadet l'hypersomniaque, Estalère ou quand servir le café s'érige au rang d'art, Veyrenc et sa chevelure flamboyante, et bien entendu l'imposante Retancourt, à la fois perplexe devant les méthodes peu conventionnelles d'Adamsberg et soutien indéfectible du commissaire.

Après avoir rapidement résolu l'affaire d'une vieille femme assassinée par étouffement à la mie de pain par son conjoint, le commissaire Adamsberg se retrouve dans un bois de Normandie hanté par une armée fantômatique qui commettrait des meurtres atroces, alors même qu'il enquête à Paris sur l'assassinat d'un riche industriel et sur "un fils de salaud" qui a pour curieux passe-temps de ficeler les pattes des pigeons. Il va devoir déployer tout son savoir-faire afin de gagner la confiance des habitants de ce village terrorisé depuis des siècles par L'armée furieuse : entre un mystérieux comte, une vieille femme sérieusement dérangée, ses trois fils copieusement "barrés" et sa très séduisante fille qui a hérité pour son plus grand malheur les sombres visions de cette armée de morts-vivants qui tue les coupables avec des techniques moyenâgeuses, la vieille Léo qui est la mémoire du village, Adamsberg et son équipe vont devoir découvrir qui se cache derrière cette sanglante légende.

J'avoue être toujours impressionnée par l'inimitable style Vargas et sa capacité à mettre en scène des intrigues aussi capillotractées et embrumées que l'esprit du commissaire, mais avec cette touche d'humour et de poésie que je ne retrouve chez aucun autre auteur de polar. Le drame et la dérision se mêlent avec délice, on attend le prochain rebondissement, on sourit en se perdant dans les brumes du commissaire, on relit certains passages en se demandant où diable veut-il en venir, un vrai plaisir de lecture !!